Le burn-out est-il une maladie ?
Officiellement, le burn-out n’est pas encore reconnu comme maladie. La bonne nouvelle, c’est que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient, comme le communique le journal Le Monde dans cet article, de déclarer que le burn-out est un phénomène lié au travail.
Qu’est-ce que cela change ?
Le burn-out passe ainsi du statut de “facteur influençant l’état de santé” à “phénomène lié au travail“. A titre d’exemple, avant d’être classée comme maladie, la fibromyalgie était passée par ces 2 mêmes autres classifications de l’OMS.
C’est donc une évolution qui fait plaisir et qui invite à continuer de communiquer sur le burn-out pour mieux le prévenir et d’accompagner les personnes concernées par le burn-out, comme je le fais à travers ce blog 🙂
Vous vous sentez concernée par le burn-out et vous voulez savoir comment éviter le burn-out ? Je vous invite à lire mon article sur le sujet.
Le plan de cet article :
- Comment diagnostiquer le burn-out ?
- Pourquoi reconnaître le burn-out comme maladie ?
- Le burn-out peut-il devenir une maladie reconnue ?
- Quelles sont les conséquences de ne pas reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle ?
- Quand le burn-out sera reconnu comme maladie professionnelle
Comment diagnostiquer le burn-out ?
“Vous faites un burn-out Madame. Vous êtes en train de vous faire du mal à vous-même et votre corps tire la sonnette d’alarme. Il faut vous arrêter, vous reposer et réfléchir à ce que vous voulez faire car si je vous laisse retourner au travail comme ça, votre état ne va que s’empirer.”
Voilà, en synthèse, et après un examen qui m’a, le temps d’une matinée, donnée le sentiment de faire partie de l’équipage d’un vaisseau spatiale, radioactivité des procédés oblige, et après questionnaire complet sur ma situation personnelle et professionnelle, le constat qu’avait posé le médecin spécialiste qui venait de diagnostiquer les causes physiques de ma difficulté à marcher, lors d’une scintigraphie osseuse.
Dans mon cas, plusieurs médecins spécialistes sont arrivés à la même conclusion. Il n’y avait aucune hésitation, c’était un constat, comme le résultat évident d’une somme de symptômes physiques, psychiques et émotionnels.
Pour répondre à la question “comment diagnostiquer un burn-out ?”, je dirais qu’il est important d’écouter l’avis de plusieurs médecins spécialistes et de consulter un psy de votre choix (psychologue, psychothérapeute, psychiatre) pour en avoir le cœur net et savoir de quoi vous souffrez.
Pourquoi reconnaître le burn-out comme maladie ?
Après que le médecin m’a diagnostiqué mon burn-out, je n’étais pas fière d’apprendre que j’étais touchée par le burn-out. Mais au moins, je savais ce que j’avais. Du moins, j’avais de quoi commencer à me renseigner, et à chercher des solutions. Je sais depuis l’âge de 21 ans, suite au diagnostic de mon intolérance au gluten, que mettre les mots sur ce qui fait souffrir est une étape essentielle pour aller mieux et guérir dans le cas d’une maladie.
Car derrière le nom d’une maladie, il y a des explications possibles, des symptômes qui se retrouvent d’un patient à l’autre, et des programmes de soins avec des prises en charge partielles ou totales. Derrière le statut de maladie, il y a une reconnaissance de ce que le mal-a-dit. Derrière la reconnaissance d’une maladie professionnelle, il y a la possibilité de demander réparation à son employeur.
Le burn-out peut-il devenir une maladie reconnue ?
Si je prends la définition du mot “malade” selon le dictionnaire Larousse, le malade est une personne dont l’état est altéré. Vous me direz, avec cette définition, nous sommes tous malades plusieurs fois par jour, non ? 😉
Bon, je suis têtue moi vous savez, et j’aime comprendre les choses, et creuser quand j’ai l’intuition que je peux encore apprendre quelque chose de telle question, de tel problème. Vous aussi, vous êtes comme ça ?
Alors, que dit la définition de “maladie professionnelle” alors ? Ah, voici la réponse de l’institut qui, personnellement, me fait secrètement rêver 😉 L’Institut National de la Recherche Scientifique (INRS) explique exactement ce qu’est une maladie professionnelle dans cet article.
Quand on fait un burn-out, on est bien malade et cela a, selon mon expérience personnelle, un lien évident avec les conditions de travail et l’exposition à des situations et comportements qui portent atteinte à l’individu, à sa santé psychique, physique et à son état général de santé.
Pour ma part, après que le diagnostique du burn-out a été posé, j’ai eu tout un programme de soins de rééducation physique pour réapprendre à marcher. Pour la partie psychologique, c’est moi qui me suis prise en charge en suivant les conseils de ma rhumatologue et du médecin spécialiste du vaisseau spatial 😉 qui avait compris que ma guérison serait meilleure avec un accompagnement psychologique. Et elle avait raison 🙂
Quelles sont les conséquences de ne pas reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle ?
Tant que le burn-out est considéré comme un phénomène et non une maladie, les personnes concernées par le burn-out sont livrées à elles-mêmes dans la prise en charge de leur santé, de leur guérison. Il dépend des conseils de ses médecins et de leur capacité à diagnostiquer le burn-out.
De plus, tant que le burn-out n’est pas reconnu comme maladie professionnelle, la responsabilité de l’employeur dans les causes du burn-out est écartée. En tout cas, tant que le burn-out n’est pas reconnu comme maladie professionnelle, cela a pour conséquences que :
- l’employeur ne doit rien à l’employé
- l’employé ne peut rien obtenir comme réparation de la part de son employeur
- les dirigeants perpétuent des pratiques violentes à l’égard de certains salariés
- le burn-out touche de plus en plus de salariés dans le monde
- une personne touchée par le burn-out ne bénéficie d’aucun accompagnement spécifique, elle se débrouille avec ses moyens, ses ressources disponibles pendant son arrêt, et le soutien de son entourage
Personnellement, j’ai ressenti un fort sentiment d’injustice à l’époque de mon burn-out, vis-à-vis de mon employeur de l’époque. Vous aviez deviné que je n’allais plus y remettre les pieds ? Mais bon, ça me fait plaisir d’ajouter ce “de l’époque” 🙂
C’est vrai, après m’être investie à fond dans mes missions, après m’être adaptée aux changements de direction et d’organisation successifs, après avoir dépassé les objectifs fixés, après avoir été maltraitée comme un objet qu’on déplace de bureaux en bureaux sans la moindre considération, après avoir vu mes dossiers être remis à de nouveaux collaborateurs sans que j’en sois avertie, après tant d’énergie dépensée pour toujours donner le meilleur de moi-même, quitte à rogner sur mon temps de vie personnelle, les quelques euros d’augmentation annuelle et les mensonges de la direction qui finissent toujours par se savoir, j’espérais avoir des signes de reconnaissance de mes compétences et de ma montée en compétences sur plusieurs années.
J’espérais un changement de poste en interne, avec d’autres responsabilités, avec plus d’autonomie, des idées et avis à partager sur des vrais sujets, et des conditions de travail décentes pour travailler dans un climat favorable à la créativité.
Quand le burn-out sera reconnu comme maladie professionnelle
Quand le burn-out sera reconnu comme maladie professionnelle, car j’y crois personnellement, les personnes touchées auront des recours pour demander réparation à leur employeur. Tant que ça ne l’est pas, ce sont les victimes du burn-out qui payent de leur personne et de leur porte-monnaie pour se sortir d’un burn-out, sans autre soutien que celui de leur entourage proche, et des médecins qu’ils peuvent se financer.
Si je compare avec les licenciements économiques, un salarié concerné bénéficie de conditions spécifiques d’accompagnement pendant des années pour se reconstruire. De mon point de vue, un salarié touché par le burn-out devrait bénéficier, dans l’idéal, d’un accompagnement spécifique pour toute la durée de sa reconstruction à la fois personnelle et professionnelle.
Qu’en pensez-vous ? Votre avis sur cette question m’intéresse en commentaire de cet article !
Merci de m’avoir lue 🙂
A tout de suite en commentaire 🙂
Celine Newstart
Le burn out reconnu serait un désastre pour les employeurs des grosses entreprises (et quelques moyennes et petites), ça ne fera que bouger les choses pour le confort de tous!
Il y a maintenant des classements d entreprise où il y fait bon de travailler. Problème : elles ne sont pas assez nombreuses!
J ai toujours aimé le statut d intérimaire car je dependais d une super boîte et si je n aimais pas ma mission, je demandais à changer.
J étais exigeante mais comme mon travail était reconnu, mes exigences étaient prises en compte.
J ai déjà eu des entretiens avec des recruteurs qui descendaient ma boîte et mon statut. J ai sorti “vous ne me respectez pas sans me connaître, comment puis je être certaine d être respectée une fois chez vous?” Silence 🙂
Si le burn out est validé enfin comme une maladie, il va avoir une vague d arrêts! Même si ce n est pas facile de s avouer malade pour certaines personnes…
En tout cas, très bon article sur un sujet difficile à aborder. J espère qu il sera vite obsolète pour le bien de beaucoup mais en attendant : il est très utile!
Merci!
Hello Lindsay ! Merci beaucoup pour ce retour et pour ton témoignage. Heureuse que tu trouves une utilité à cet article 😀 Merci pour ton partage de bonne pratique sur le respect employé-employeur. J’ai partagé un extrait de ton commentaire sur ma page Facebook : bravo pour le respect que tu te portes et que tu portes à l’autre à travers les limites que tu poses. C’est un superbe exemple qui je l’espère inspira beaucoup d’autres personnes, d’où mon partage sur Facebook 🙂
Je pense que le burn-out est une maladie pas toujours facile à cerner et diagnostiquer, car beaucoup de facteurs sont à prendre en compte (d’ailleurs tes articles sur le sujet sont très instructifs, merci!) Mais ce qui est sûr, c’est que la reconnaissance du burn-out en tant que maladie pro permet de libérer la parole à ce sujet. Je constate par rapport à il y a quelques années, que le sujet est beaucoup moins tabou et stigmatisant, même si cela n’est pas toujours facile à évoquer évidemment. Je trouve que la société dans son ensemble (les managers, les médecins…) est mieux sensibilisée. Même si cela ne se traduit pas concrètement par un arrêt de travail ou un accompagnement, c’est pour moi un progrès.
Bonjour à toi Amtiss ! Ravie de lire ton commentaire 😀 Je suis heureuse que tu trouves un intérêt instructif à travers mes articles sur le burn-out, sujet qui me tient particulièrement à coeur 😉 Pour compléter ton observation sur le décalage entre les prises de conscience et les actions concrètes dans les organisations de travail, je pense en effet que c’est l’étape qui demandera le plus de temps…malheureusement pendant ce temps, le burn-out, lui, n’attend pas ! Ce sera un plaisir de te retrouver parmi la #teamnewstart sur ma page Facebook Madame Newstart si tu le souhaites, pour continuer d’échanger autour de mes prochains articles et de ton actualité. A très bientôt si tu le souhaites 😉 Et très belle fin d’année à toi